Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ville natale[1], dont son père avait été évêque durant plus de quarante-cinq ans ; mais il se sentait digne d’un autre théâtre et d’un autre auditoire ; une ambition légitime le porta à accepter l’honorable invitation du parti orthodoxe de Constantinople. À son arrivée dans la capitale, un parent pieux et charitable le reçut dans sa maison ; on consacra la chambre la plus vaste aux cérémonies de la religion, et on choisit le nom d’Anastasie pour exprimer la résurrection de la foi de Nicée. Cette assemblée particulière se convertit dans la suite en une église magnifique ; et la crédulité du siècle suivant adopta sans peine les miracles et les visions qui attestaient la présence de la mère de Dieu, ou au moins sa protection[2]. La chaire de l’Anastasie fut le théâtre des travaux et des triomphes de saint Grégoire, et, dans l’espace de deux ans, il éprouva toutes les révolutions spirituelles qui constituent les succès et les revers d’un missionnaire[3]. Les ariens, irrités de la hardiesse de

  1. Saint Grégoire a immortalisé le nom de Nazianze. Cependant Pline (VI, 3), Ptolémée et Hiéroclès (Itinerar., Wesseling, p. 709) citent la ville natale de saint Grégoire sous le nom grec ou romain de Diocæsarea. (Tillemont, Mém. ecclés., tom. IX, p. 692.) Il paraît qu’elle était située sur les frontières de l’Isaurie.
  2. Voyez Ducange, Constant. christiana, l. IV, p. 141-142. Le θεια δυναμις de Sozomène (l. VII, c. 5) est interprété comme signifiant la Vierge Marie.
  3. Tillemont (Mém. ecclés., t. IX, p. 432, etc.) rassemble, commente et explique tous les passages oratoires et