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ques conditions honorables en faveur de la mémoire et des lois du dernier empereur[1]. Les portraits des trois augustes collègues furent exposés, selon la coutume, à la vénération des peuples, et on ne doit pas supposer légèrement qu’au moment de cette réconciliation solennelle, Théodose méditât secrètement des projets de vengeance et de perfidie[2].

Baptême et édits orthodoxes de Théodose. A. D. 380, 28 février.

Le mépris de Gratien pour les troupes romaines l’avait exposé aux funestes effets de leur ressentiment ; mais sa profonde vénération pour le clergé chrétien reçut sa récompense dans les louanges d’un ordre puissant, qui a réclamé dans tous les siècles le privilége de distribuer les honneurs sur la terre et dans le ciel[3]. Les évêques orthodoxes déplorèrent sa mort et leur perte irréparable ; ils s’en consolèrent bientôt en découvrant que Gratien avait confié le sceptre de l’Orient à un prince dont la foi docile et le zèle ardent étaient soutenus par un génie plus vaste et un caractère plus vigoureux. Parmi les bienfaiteurs de l’Église, la gloire de Théodose a rivalisé avec celle de Constantin. Si Constantin eut

  1. Saint Ambroise cite les lois de Gratien : Quas non abrogavit hostis, t. II, epist. 17, p. 827.
  2. Zosime, l. IV, p. 252. Nous pouvons rejeter ses odieux soupçons, mais non pas le traité de paix que les amis de Théodose ont tout-à-fait oublié, ou sur lequel ils passent du moins fort légèrement.
  3. Leur oracle, l’archevêque de Milan, assigne à Gratien, son pupille, une place distinguée dans le paradis (t. II, De Obit. Val. consol., p. 1193).