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encore pu trouver dans les secours de ses sujets et de ses alliés. Les armées de la Gaule, loin de fermer le passage à Maxime, le reçurent avec des acclamations de joie et des protestations de fidélité, et ce fut le prince qu’on accusa d’avoir abandonné son peuple. Les troupes qui étaient plus immédiatement employées au service du palais, abandonnèrent l’étendard de Gratien la première fois qu’on le déploya dans les environs de Paris. L’empereur s’enfuit vers Lyon avec un petit corps de trois cents chevaux ; et les villes situées sur sa route, où il espérait trouver un refuge ou au moins un passage, lui apprirent, en fermant leurs portes, qu’il ne s’en trouve jamais d’ouvertes pour les malheureux. Il aurait encore pu parvenir sans danger aux états de son frère et revenir avec toutes les forces de l’Italie et de l’Orient, s’il ne se fût pas laissé tromper par le perfide gouverneur du Lyonnais. Le crédule Gratien accorda sa confiance à des protestations de fidélité suspectes et aux promesses d’un secours qui ne pouvait être qu’insuffisant. L’arrivée d’Andragathius, général de la cavalerie de Maxime, le tira de son erreur. Cet audacieux officier exécuta sans remords les ordres ou les intentions de l’usurpateur. On livra Gratien, au sortir de son souper, entre les mains de l’assassin, et son corps même fut refusé aux pieuses et pressantes instances de son frère Valentinien[1]. [A. D. 383, 25 août.]La mort

  1. Zosime (l. IV, p. 248, 249) a transporté la mort de Gratien de Lugdunum en Gaule, à Singidunum en Mœsie.