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dans cette île peut être raisonnablement considéré comme un état d’exil et d’obscurité ; et si Maxime y occupait un poste civil ou militaire, ce n’était ni celui de gouverneur ni celui de général[1]. La partialité des écrivains n’a pu refuser de rendre justice à son habileté et même à son intégrité ; et il fallait sans doute que son mérite fut incontestable pour arracher cet aveu en faveur de l’ennemi vaincu de Théodose. Le sentiment de l’envie pouvait engager Maxime à blâmer la conduite de son souverain et à encourager, peut-être sans aucune vue d’ambition, les murmures des troupes ; mais au moment du tumulte, il refusa modestement ou artificieusement de monter sur le trône ; et il paraît qu’on ajouta quelque foi à la déclaration positive du nouveau César, qui protestait avoir accepté malgré lui le dangereux présent de la pourpre impériale[2].

    land.) Le lecteur judicieux n’aura peut-être pas grande confiance à cette autorité galloise.

  1. Camden (vol. 1, Introd., p. cj) en fait un gouverneur de la Bretagne, et ses dociles successeurs ont suivi aveuglément le père de nos antiquités. Pacatus et Zosime ont fait quelques efforts pour détruire cette erreur ou cette fable, et je m’appuierai de leur autorité. Regali habitû exulem suum ; illi exules orbis inducrunt. (In Panegyr. vet. XII, 23) ; et l’historien grec d’une manière encore moins équivoque : αυτος (Maximus) δε ο‌υδε εις αρχην εντιμον ετυχη προελθων (l. IV, p. 248.)
  2. Sulpice-Sévère, Dialogue 2, 7 ; Orose, l. VII, c. 34, p. 556. Ils conviennent l’un et l’autre (Sulpice avait été son