Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Leur disposition à la révolte.

Malgré ces argumens spécieux et ces brillantes espérances, il était bien facile de prévoir que les Goths seraient encore long-temps les ennemis des Romains, et qu’ils deviendraient peut-être bientôt les conquérans de leur empire. Ils montraient dans toutes les occasions le plus insolent mépris pour les citoyens et les habitans des provinces, qu’ils insultaient impunément[1]. Théodose était redevable à la valeur des Barbares du succès de ses armes ; mais on ne pouvait pas compter sur les secours d’une nation perfide, qui abandonnait ses drapeaux dans le moment où l’on avait le plus grand besoin de ses services, et l’empereur en fit plusieurs fois la fâcheuse expérience. Durant la rébellion de Maxime, un grand nombre de déserteurs goths se retirèrent dans les marais de la Macédoine, dévastèrent les environs, et obligèrent l’intrépide monarque à hasarder sa personne pour étouffer le feu de cette révolte naissante[2]. L’alarme du public était d’autant plus vive,

    puérilités ordinaires de l’éloquence grecque. Orphée ne put enchanter que les animaux sauvages de la Thrace ; mais Théodose enchantait les hommes et les femmes dans un pays où Orphée avait été mis en pièces, etc.

  1. On priva Constantinople de la moitié d’une des distributions journalières de pain accordées au peuple, pour expier la mort d’un soldat goth., κινο‌υντες το Σκυθικον, était le crime du peuple. (Libanius, orat. XII, p. 394, édit. Morel.)
  2. Zosime, l. IV, p. 267-271. Il raconte une histoire longue et ridicule de ce prince, qui courait, dit-il, le pays avec cinq ou six cavaliers pour toute suite, et d’un espion qu’il