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tons[1]. Des humbles et innocens travaux de la campagne, Théodose fut transporté en moins de quatre mois sur le trône de l’empire d’Orient ; et l’histoire du monde entier n’offrira peut-être pas un second exemple d’une élévation si pure et si honorable. Les princes qui héritent paisiblement du sceptre de leur père, s’appuient sur un droit légal, d’autant moins exposé à être contesté, qu’il est absolument indépendant de leur mérite personnel. Les sujets qui, soit dans une monarchie, soit dans une république, parviennent au pouvoir suprême, peuvent avoir acquis, par leur mérite ou leur vertu, le rang qui les élève au-dessus de leurs égaux ; mais ils sont rarement exempts d’ambition, et leur succès est souvent souillé par le crime d’une conspiration ou par les horreurs d’une guerre civile. Dans les gouvernemens même qui autorisent le monarque régnant à se nommer un collègue ou un successeur, son choix, rarement impartial et exposé à l’influence des plus aveugles passions, doit tomber bien souvent sur le moins digne objet ; mais l’envie la plus soupçonneuse ne put supposer à Théodose, au fond de sa retraite de Caucha, ni les artifices, ni les désirs, ni même les espérances d’un politique ambitieux. Le nom d’un exilé eût été oublié depuis long-temps, si l’éclat de

  1. M. d’Anville (Géogr. anc., t. I, p. 25) a fixé la position de Caucha ou Coca, dans la province de la Vieille-Galice, où Zosime et Idatius ont placé la naissance ou le patrimoine de Théodose.