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sement les usages militaires des Écossais, des Mores et des Saxons. Son mérite personnel et la recommandation du conquérant de l’Afrique lui obtinrent bientôt un commandement supérieur ; et, nommé duc de Mœsie, il défit une armée de Sarmates, sauva la province, mérita la confiance des soldats, et s’attira l’envie de la cour[1]. La disgrâce et l’exécution de son illustre père détruisirent ses espérances, et Théodose obtint, à titre de faveur, la permission de se retirer comme simple particulier dans sa patrie. La facilité avec laquelle il se conforma en Espagne à sa nouvelle situation, fit l’éloge de la modération et de la fermeté de son caractère. Moitié de l’année à la ville, et le reste à la campagne, il déployait, dans l’accomplissement de ses devoirs sociaux, ce caractère de zèle et d’activité qui avait marqué sa carrière publique, et il faisait tourner la vigilante exactitude d’un soldat au profit et à l’amélioration de son ample patrimoine[2], situé entre Valladolid et Ségovie, au milieu d’un canton fertile, et encore renommé aujourd’hui par la beauté de la laine de ses mou-

  1. Ammien (XXIX, 6) raconte cette victoire : Theodosius junior, dux Mœsiœ, primâ etiam tum lanugine juvenis, princeps postea perfectissimus. Themistius et Zosime attestent le fait ; mais Théodoret (l. V, c. 5), qui y ajoute quelques circonstances intéressantes, le place par une singulière méprise dans le temps de l’interrègne.
  2. Pacatus (in Panegyr. vet., XII, 9) préfère la vie rustique de Théodose à celle de Cincinnatus. L’une était l’effet de l’inclination, et l’autre de la pauvreté.