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blies ; mais j’espère ignorer toujours à quel point de semblables considérations, ou toute autre du même genre, peuvent permettre d’oublier les droits naturels de la justice et de l’humanité.

Théodose est nommé empereur de l’Orient par Gratien, empereur de l’Occident. A. D. 379. 19 Janvier.

L’empereur Gratien était fort avancé dans sa marche vers les plaines d’Adrianople, lorsqu’il apprit, d’abord par le bruit public, et ensuite par le récit circonstancié de Victor et de Richomer, que son collègue impatient avait perdu la bataille et la vie, et que les deux tiers de l’armée romaine avaient péri par le glaive des Goths victorieux. Quoique l’imprudente et jalouse vanité de son oncle méritât son ressentiment, l’âme généreuse de Gratien fut émue de douleur et de compassion ; mais ces mêmes sentimens furent bientôt obligés de faire place à de sérieuses et effrayantes réflexions sur le danger de la république. Gratien n’avait pu arriver à temps pour sauver son infortuné collègue, et il était trop faible pour le venger : ce jeune prince, vaillant et modeste, ne se crut point en état de soutenir seul un monde chancelant. Une irruption de Barbares de la Germanie semblait prête à fondre sur la Gaule, et l’empereur se trouvait dans ces circonstances accablé et tourmenté des soins que lui demandait le seul empire d’Occident. Dans cette crise funeste, le gouvernement de l’Orient et la conduite de la guerre des Goths, exigeaient l’attention exclusive d’un prince

    l’empereur Théodose qui n’était point encore placé sur le trône de l’Orient.