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bataille, et le reste de ses troupes ayant demandé la vie, avait été envoyé en Italie pour y cultiver les terres abandonnées, des territoires de Parme et de Modène[1]. Les exploits de Sébastien[2], nouvellement admis au service de l’empereur, et élevé au rang de maître-général de l’infanterie, étaient encore plus honorables pour lui et plus utiles à l’empire. Ayant obtenu la permission de choisir trois cents hommes dans chaque légion, il fit bientôt reprendre à ce détachement séparé l’esprit de discipline et l’exercice des armes, presque entièrement oubliés sous le règne de Valens. Le brave et vigilant Sébastien surprit un corps nombreux de Goths dans leur camp, et la quantité de dépouilles qu’il recouvra remplirent la ville d’Adrianople et la plaine voisine. Le superbe récit que le général fit de ses propres exploits, donna de l’inquiétude et de la jalousie à la cour impériale ; et quand il voulut prudemment in-

  1. Vivosque omnes circa Mutinam, Regiumq., et Parmam, italica oppida, rura culturos, exterminavit. (Amm., XXXI, 9.) Dix ans après l’établissement de la colonie des Taifales, ces villes et ces districts paraissent dans la plus grande misère. (Voyez Muratori, Dissertazioni sopra le antichità italiane, t. 1, Dissert., XXI, p. 354.)
  2. Ammien (XXXI, 11) ; Zosime (l. IV, p. 228-230). Le dernier s’étend sur les exploits partiels de Sébastien, et raconte en deux lignes l’importante bataille d’Adrianople. Selon les critiques ecclésiastiques qui haïssent Sébastien, les louanges de Zosime sont déshonorantes. (Tillemont, Hist. des empereurs, t. V, p. 121.) Son ignorance et ses préjugés en font un juge très-peu compétent du mérite.