Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sion, Valens s’avisa d’être brave, et cette valeur déplacée fut également fatale à l’empereur et à ses sujets. Valens annonça la résolution de conduire son armée d’Antioche à Constantinople pour anéantir cette dangereuse révolte ; et comme il n’ignorait pas les difficultés de l’entreprise, il demanda du secours à son neveu l’empereur Gratien, qui disposait de toutes les forces de l’Occident. On rappela précipitamment les vétérans qui défendaient l’Arménie ; on abandonna cette importante frontière à la discrétion de Sapor, et la conduite de la guerre contre les Goths fut confiée, dans l’absence de Valens, à ses lieutenans Trajan et Profuturus, deux généraux dont l’incapacité égalait presque la présomption. Richomer, comte des domestiques, les joignit à leur arrivée dans la Thrace avec les auxiliaires de l’Occident qui marchaient sous ses drapeaux. Ils étaient composés des légions gauloises où la désertion s’était à la vérité introduite à tel point, qu’elles ne présentaient plus que la vaine apparence d’une force et d’un nombre de soldats qu’elles n’avaient plus. Dans un conseil de guerre où l’on fit parler l’orgueil à la place de la raison, on résolut de chercher et d’attaquer les Barbares qui campaient dans de vastes prairies, près de la plus méridionale des six embouchures du Danube[1]. Leur camp était fortifié, comme à l’ordinaire, par un rempart formé de chariots ; et, tran-

  1. L’Itinéraire d’Antonin (p. 226, 227, éd. Wesseling) marque la position du champ de bataille à environ soixante