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sentiers secrets dans les retraites où les habitans avaient caché leurs grains et leurs troupeaux. À l’aide de ces guides, ils pénétraient partout : la résistance devenait impossible ; la fuite était impraticable, et la patiente soumission de la faible innocence excitait rarement la compassion des Barbares victorieux. Ils retrouvèrent et reprirent, dans le cours de ces ravages, un grand nombre des enfans qu’ils avaient vendus et dont ils déploraient la perte ; mais ces douces entrevues, qui auraient pu les rappeler à des sentimens d’humanité, ne servirent qu’à irriter leur férocité naturelle par le désir de la vengeance. Ils écoutaient d’une oreille avide le récit de ce que leurs enfans captifs avaient eu à souffrir de la débauche et de la cruauté de leurs maîtres, et les parens indignés s’en vengèrent par de semblables excès sur les fils et les filles des Romains[1].

Opérations de la guerre des Goths. A. D. 377.

Valens et ses ministres avaient commis une grande imprudence en introduisant une nation ennemie dans le cœur de l’empire ; mais les Visigoths pouvaient encore être rappelés à des sentimens de paix par un noble aveu des fautes passées et par une conduite plus équitable à l’avenir. Cette politique prudente et modérée semblait convenir au caractère timide du monarque de l’Orient ; mais, dans cette seule occa-

  1. Voyez Ammien (XXXI, 5, 6). L’historien de la guerre des Goths perd son temps à récapituler inutilement les anciennes incursions des Barbares.