Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demande. On envoya immédiatement des ordres aux gouverneurs civils et militaires du diocèse de Thrace, de faire les préparatifs nécessaires pour le passage et la subsistance de ce grand peuple, en attendant qu’on eût choisi un terrain suffisant pour sa future résidence. L’empereur mit à sa libéralité deux conditions rigoureuses que la prudence pouvait suggérer aux Romains, mais que la situation désastreuse des Goths pouvait seule contraindre leur indignation à supporter. Avant de traverser le Danube, ils devaient tous livrer leurs armes, et en outre leurs enfans, pour être répandus dans les provinces de l’Asie, où ils seraient civilisés par l’éducation, serviraient en même temps d’otages à la fidélité de leurs parens.

Les Goths passent le Danube et sont reçus dans l’Empire.

Dans l’incertitude où les tenait une négociation lente et douteuse, et traitée loin d’eux, les Goths impatiens firent audacieusement quelques tentatives pour passer le Danube sans l’aveu du gouvernement dont ils avaient imploré la protection. Les troupes postées le long de la rivière veillaient sur tous leurs mouvemens, et taillèrent en pièces leurs premiers détachemens ; mais telle était la pusillanimité des conseils de Valens, que les braves officiers qui avaient rempli leur devoir en défendant leur pays, perdirent leur emploi et sauvèrent difficilement leur vie. On reçut enfin l’ordre impérial de faire passer le Danube à toute la nation des Goths[1] ; mais

  1. On trouve le récit du passage du Danube dans Amm.