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périr sans distinction les innocens avec les coupables. Mais il eut bientôt de quoi occuper sérieusement son attention par l’avis important que lui donnèrent les officiers civils et militaires chargés de la défense du Danube. Ils lui apprenaient que le Nord était agité par une terrible tempête ; que l’irruption des Huns, sauvages d’une race inconnue et monstrueuse, avait renversé l’empire des Goths ; que cette nation orgueilleuse et guerrière, maintenant réduite au dernier degré d’humiliation, couvrait d’une multitude suppliante, un espace de plusieurs milles sur les bords du fleuve, d’où ces infortunés, les bras étendus et avec de douloureuses lamentations, déploraient leurs malheurs, le danger qui les menaçait, sollicitaient comme leur refuge la compassion et la clémence de l’empereur, et le suppliaient de leur permettre de cultiver les déserts de la Thrace ; protestant que s’ils obtenaient de sa bonté libérale un si grand bienfait, ils se regarderaient comme attachés à l’empire par les liens les plus forts du devoir et de la reconnaissance, observeraient ses lois et défendraient ses frontières. Ces promesses furent confirmées par les ambassadeurs des Goths, qui attendaient impatiemment qu’une résolution de Valens décidât du sort de leurs infortunés compatriotes. Valentinien était mort à la fin de l’année précédente. [A. D. 375, 17 novemb.]Sa sagesse et son autorité ne dirigeaient plus les conseils de l’empereur d’Orient ; et comme la pressante situation des Goths exigeait une résolution aussi prompte que décisive,