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palais de Constantinople, il sentait la nécessité de prévenir l’ambition des compétiteurs qui auraient pu s’emparer avant lui, en Europe, de la souveraineté encore vacante. Mais il eut bientôt la satisfaction d’apprendre que l’on reconnaissait unanimement son autorité depuis le Bosphore de Thrace jusqu’à l’océan Atlantique. Par ses premières lettres expédiées de son camp de Mésopotamie, il avait confié le commandement militaire de la Gaule et de l’Illyrie à Malarick, brave et fidèle officier de la nation des Francs, et à son beau-père, le comte Lucilien, qui s’était distingué par le courage et les talens qu’il avait déployés à la défense de Nisibis. Malarick refusa une commission qu’il jugeait au-dessus de ses talens, et Lucilien fut massacré à Reims dans une révolte imprévue des cohortes bataves[1]. Mais Jovin, maître général de la cavalerie, oubliant l’intention que l’empereur avait eue de le disgracier, apaisa le tumulte par sa modération, et rassura la fidélité chancelante des soldats. Le serment de fidélité fut prêté avec des acclamations sincères, et les députés des armées d’Occident[2] saluèrent leur nouveau souverain au moment où il descendait du mont Tau-

    p. 845. Les libelles d’Antioche peuvent être admis sur le moindre témoignage.

  1. Comparez Ammien (XXV, 10), qui omet le nom des Bataves, avec Zosime (l. III, p. 197), qui transporte la révolte de Reims à Sirmium.
  2. Quos capita scholarum ordo castrensis appellat. (Amm., XXV, 10 ; et Valois, ad locum.)