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monde, ne contribua jamais à la sûreté d’une nation peu guerrière. Le Tanjou rassemblait souvent jusqu’à deux ou trois cent mille hommes de cavalerie, redoutables par leur adresse à manier leurs arcs et leurs chevaux, par leur patience courageuse à supporter les rigueurs des saisons, et par l’incroyable rapidité de leur marche, que n’arrêtaient guère les torrens et les précipices, les montagnes les plus escarpées et les rivières les plus profondes. Ils se répandirent tous à la fois sur la surface du pays, et leur impétueuse célérité déconcerta la tactique grave et compassée d’une armée chinoise. [Leur guerre contre les Chinois, 201 avant Jésus-Christ.]L’empereur Kaoti, soldat de fortune[1], élevé sur le trône par son mérite personnel, marcha contre les Huns avec les troupes des vétérans formés dans les guerres civiles de la Chine ; mais les Barbares l’environnèrent bientôt de tous côtés ; et après un siége de sept jours, le monarque n’ayant aucun espoir d’être secouru, fut forcé d’acheter sa liberté par une capitulation ignominieuse. Les successeurs de Kaoti, occupés des arts pacifiques, et livrés aux délices de leur palais, se soumirent à une humiliation plus durable. Ils se

    parlent l’un et l’autre de la construction du grand mur de la Chine.

  1. Voyez la Vie de Lieoupang ou Kaoti, dans l’Histoire de la Chine, publiée à Paris, en 1777, etc. (t. I, p. 441-522). Cet ouvrage volumineux est une traduction faite par le père de Mailla du Tong-Kien-Kang-Mou, célèbre abrégé de la grande histoire de Semakouang (A. D. 1084) et de ses continuateurs.