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traits des chasseurs. Dans cette marche, qui dure souvent plusieurs jours, la cavalerie est obligée de gravir les montagnes, de passer les rivières à la nage et de traverser la profondeur des vallées sans déranger l’ordre de la marche. Les Tartares acquièrent l’habitude de diriger leurs regards et leurs pas vers un objet éloigné, de conserver leurs distances, de suspendre ou d’accélérer leur marche relativement aux mouvemens des troupes qui sont sur leur droite ou sur leur gauche ; d’observer et de répéter les signaux de leurs commandant. Les chefs apprennent, dans cette école pratique, la plus importante leçon de l’art militaire, le discernement prompt du terrain, de la distance et du temps. Le seul changement nécessaire au moment de la guerre est d’employer contre l’ennemi la même patience et la même valeur, la même intelligence et la même discipline ; et les amusemens de la chasse peuvent servir de prélude à la conquête d’un empire[1].

Gouvernement.

La société politique des anciens Germains ne paraissait être qu’une réunion volontaire de guerriers

  1. Petis de La Croix (Vie de Gengis-khan, l. III, c. 7) représente toute l’étendue et la pompe d’une chasse des Mongouls. Les jésuites Gerbillon et Verbiest suivaient l’empereur Kamhi quand il chassait dans la Tartarie (Du Halde, Description de la Chine, tom. IV, p. 81, 290, etc., édition in-folio). Son petit-fils Kienlong, qui réunit la discipline tartare à l’érudition chinoise, décrit (Éloge de Moukden, p. 273-285), comme poète, les plaisirs dont il avait joui comme chasseur.