Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et ils n’ont encore exercé leur industrie qu’à extraire du lait de jument une liqueur fermentée, qui possède à un très-haut degré la faculté de les enivrer. Semblables aux animaux de proie, les sauvages, soit de l’ancien, soit du nouveau Monde, éprouvent les vicissitudes de la famine et de l’abondance ; et leurs estomacs endurcis souffrent, sans beaucoup d’inconvéniens, les extrêmes opposés de l’intempérance et de la faim.

Habitations.

II. Dans les siècles de simplicité rustique et martiale, un peuple de soldats et de laboureurs s’est dispersé sur la vaste étendue d’un pays qu’ils ont cultivé, et il a fallu sans doute du temps pour assembler la jeunesse guerrière de la Grèce ou de l’Italie sous les mêmes drapeaux, soit pour défendre leurs propres frontières, ou pour attaquer celles de leurs voisins. Le progrès des manufactures et du commerce rassemble peu à peu un grand nombre d’hommes dans les murs d’une ville ; mais ces citoyens ne sont plus des soldats, et les arts qui perfectionnent la société civile, anéantissent l’esprit militaire. Les mœurs pastorales des Scythes semblent réunir les différens avantages de la simplicité et de la civilisation. Les individus de la même tribu sont constamment rassemblés ; mais ils sont rassemblés dans un camp, et le courage naturel de ces intrépides pasteurs est animé par un secours et une émulation réciproques. Les maisons des Tartares ne sont que de petites tentes d’une forme ovale, demeure froide et malpropre, qu’habitent ensemble sans distinctions les jeunes gens des deux sexes. Les palais des riches