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ment à se plaindre que sa personne ou même sa fortune ait eu à souffrir des malheurs de la guerre. À l’époque désastreuse de la chute de l’Empire romain, que nous pouvons dater du règne de Valens, la sûreté de tous les citoyens était personnellement attaquée. Les arts et les travaux, fruits de l’industrie d’une longue série de siècles, disparaissaient sous les mains féroces des Barbares d’Allemagne et de Scythie. [Les Huns et les Goths, A. D. 376.]L’invasion des Huns précipita sur les provinces de l’Occident la nation des Goths, qui, en moins de quarante ans, envahirent depuis les bords du Danube jusqu’à l’océan Atlantique, et ouvrirent, par leurs succès, une route aux incursions de tant de hordes encore plus sauvages. Les contrées reculées du globe recelaient le principe de cette grande commotion ; et l’examen attentif de la vie pastorale des Scythes[1] ou Tartares[2] jettera du jour sur la cause cachée de ces émigrations dévastatrices.

  1. Les Scythes primitifs d’Hérodote (l. IV, c. 47-59, p. 99-101) étaient resserrés par le Danube et les Palus Méotides, dans un carré d’environ quatre mille stades (quatre cent milles romains). Voyez d’Anville (Mém. de l’Acad., t. XXXV, p. 571-573). Diodore de Sicile (t. I, l. II, p. 155, édit. Wesseling) a observé les progrès successifs du nom et de la nation.
  2. Les Tatars ou Tartares étaient originairement une tribu : ils furent d’abord les rivaux des Mongouls, et devinrent leurs sujets. Les Tartares formaient l’avant-garde de l’armée victorieuse de Gengis-khan et de ses successeurs, et on appliqua à la nation entière le nom qui avait été connu le premier des étrangers. Fréret (Hist. de l’Acad., t. XVIII,