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n’avait rien diminué[1]. Avant de quitter Antioche, il assura Jovien qu’un règne long et tranquille serait la récompense de sa dévotion orthodoxe. Le prélat était persuadé, sans doute, que dans le cas où des événemens contraires lui ôteraient le mérite de la prédiction, il lui resterait toujours celui d’un vœu dicté par la reconnaissance[2].

Jovien publie une tolérance universelle.

Dans la marche des événemens, le mouvement le plus léger employé à diriger ou à précipiter un objet dans le sens de la pente sur laquelle il est naturellement entraîné, acquiert bientôt un poids et une force irrésistible. Jovien eut le bonheur ou la prudence d’embrasser les opinions religieuses les plus conformes à l’esprit du temps, et celles que soutenaient de leur zèle les nombreux adhérens de la secte la plus puissante[3]. Le christianisme obtint, sous

  1. La date de sa mort est incertaine. (Tillemont, Mém. ecclés., t. VIII, p. 719-723.) Mais la date A. D. 373, mai 2, celle qui s’accorde le mieux avec la raison et avec l’histoire, est constatée par l’histoire authentique de sa vie. (Maffei, Osservazioni letterarie, t. III, p. 81.)
  2. Voyez les Observations de Valois et de Jortin (Remarques sur l’Hist. ecclés., v. 4, p. 38) sur la lettre originale de saint Athanase, conservée par Théodoret (I. IV, c. 3). Dans quelques-uns des manuscrits, cette promesse indiscrète est supprimée, peut-être par des catholiques jaloux de la réputation prophétique de leur chef.
  3. Saint Athanase (apud Theodoret, l. IV, c. 3) exagère le nombre des orthodoxes qui composaient, dit-il, le monde entier : cette assertion s’est trouvée véritable trente ou quarante ans après.