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de lui, qu’aussitôt qu’il serait arrivé sur les lieux, il examinerait et prononcerait. Arrivé à Sirmium, il donna audience aux députés des provinces d’Illyrie qui se félicitèrent hautement du bonheur dont ils jouissaient sous le favorable gouvernement de Probus, préfet du prétoire[1]. Valentinien, flatté de leurs protestations de reconnaissance et de fidélité, demanda imprudemment au député de l’Épire, philosophe cynique et d’une imperturbable sincérité, s’il avait été envoyé par le vœu de sa province[2]. « Je suis venu, répondit Iphiclès, accompagné des larmes et des gémissemens d’un peuple qui m’envoyait à regret. » L’empereur se tut ; mais grâce à l’impunité dont ils jouissaient, les agens du gouvernement

  1. Ammien (XXX, 5) qui reconnaît le mérite de Petronius-Probus, blâme avec justice son administration tyrannique. Lorsque saint Jérôme traduisit et continua la Chronique d’Eusèbe (A. D. 380, voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. XII, p. 53, 626), il déclara la vérité, ou au moins l’opinion publique de son pays, dans les termes suivans : Probus P. P. Illyrici iniquissimis tributorum exactionibus ante provincias quas regebat, quam à Barbaris vastarentur, erasit. (Chron., édit. Scaliger, p. 187 ; Animadver., p. 259.) Le saint se lia depuis d’une amitié très-intime avec la veuve de Probus ; et avec moins de vérité, quoique sans beaucoup d’injustice, il substitua dans le texte, au nom de Probus celui du comte Équitius.
  2. Julien (orat. 6, p. 198) représente son ami Iphiclès comme un homme vertueux et rempli de mérite, qui s’était rendu ridicule et s’était fait tort en adoptant les manières et l’habillement des philosophes cyniques.