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de cavalerie. Marcellinus avait imprudemment choisi pour cet assassinat le moment où la révolte de Firmus tenait éloignées les plus braves troupes de ses vétérans ; et la province, presque sans défense, se trouvait exposée à la vengeance des Barbares furieux. Ils entrèrent dans la Pannonie au temps de la moisson, dédaignèrent ou démolirent des forts vides de soldats, et brûlèrent sans pitié tout le butin qu’ils ne purent emporter. La princesse Constantia, fille de l’empereur Constance et petite-fille de Constantin-le-Grand, n’échappa qu’avec peine à leurs fureurs. Cette princesse, qui avait innocemment soutenu la révolte de Procope, était destinée à épouser l’héritier de l’empire d’Occident. Elle traversait la province jusqu’alors paisible avec une suite brillante et désarmée. Le zèle actif de Messala, gouverneur général de ces provinces, sauva la princesse d’un tel danger, et l’empire d’une telle honte. Ayant appris que les Barbares environnaient presque entièrement le village où elle s’était arrêtée pour dîner, il l’enleva précipitamment dans son propre char, et fit, avec la plus rapide diligence, un trajet de vingt-six milles jusqu’aux portes de Sirmium. Cette retraite aurait été encore peu sûre si les Quades et les Sarmates avaient profité, pour s’en emparer, de la consternation du peuple et des magistrats. Mais leur lenteur donna le temps à Probus, préfet prétorien, de rasseoir ses esprits et de ranimer le courage des citoyens. Il sut habilement les animer à réparer les fortifications par le travail le plus assidu, et par ses