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conseil. L’empereur écouta favorablement les remontrances éloquentes et flatteuses du sénat de Constantinople, qui prit part pour la première fois aux délibérations publiques, et on chargea les généraux Victor et Arinthæus, qui avaient conduit si heureusement la guerre, de régler les conditions de la paix. La liberté du commerce, dont les Goths jouissaient précédemment, fut restreinte à deux villes situées sur le Danube. Leurs chefs payèrent chèrement leur imprudence par la perte des subsides et de leurs pensions ; on fit en faveur du seul Athanaric une exception plus avantageuse qu’honorable pour ce juge des Visigoths. Athanaric, qui, dans cette occasion, semble avoir consulté son intérêt personnel sans attendre les ordres de son souverain, soutint sa propre dignité et celle de sa nation lorsque les ministres de Valens lui proposèrent une entrevue. Il répondit constamment qu’il ne pouvait mettre le pied sur les terres de l’empire sans se rendre coupable de parjure et de trahison ; il est plus que probable que les perfidies récentes des Romains contribuèrent à lui faire observer religieusement son serment. On choisit pour le lieu de la conférence, le Danube, qui séparait les états des deux nations indépendantes. L’empereur de l’Orient et le juge des Visigoths, accompagnés d’un nombre égal de gens armés, s’avancèrent chacun dans un grand bateau jusqu’au milieu du fleuve. Après avoir ratifié le traité et reçu les otages, Valens retourna en triomphe à Constantinople, et les Goths restèrent