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Hermanric[1], roi des Ostrogoths, et le plus noble de la race des Amali, ont été comparées par l’enthousiasme de ses compatriotes, aux exploits d’Alexandre, avec cette différence singulière et presque incroyable, que le génie martial du héros goth, au lieu d’être soutenu par la vigueur de la jeunesse, n’éclata que dans l’hiver de sa vie, depuis l’âge de quatre-vingts ans, jusqu’à cent dix. Les tribus indépendantes reconnurent, soit de bon gré, soit par contrainte, le roi des Ostrogoths pour le souverain de la nation gothique. Les chefs des Visigoths ou Thervingi renoncèrent au titre de roi, et se contentèrent de la dénomination plus modeste de juges. Parmi ces juges, Athanaric, Fritigern et Alavivus étaient les plus illustres par leur mérite personnel et par leur proximité des provinces romaines. Ces conquêtes nationales augmentaient la puissance militaire d’Hermanric, et étendaient les vues de son ambition. Il envahit les pays situés au nord de ses états, et douze nations considérables, dont les noms et les limites ne sont pas exactement connus, cédèrent successivement à l’effort de ses armes[2]. Les

  1. Le récit succinct du règne et des conquêtes d’Hermanric, me paraît un des meilleurs fragmens que Jornandès ait tiré des histoires des Goths, d’Ablavius ou de Cassiodore.
  2. M. du Buat (Hist. des Peuples de l’Europe, tom. VI, p. 311-329) recherche avec plus de soin que de succès les provinces soumises par les armes d’Hermanric. Il nie l’existence des Vasinobroncæ, à cause de la longueur de leur