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attendant une révolution plus heureuse. Mais la persévérance de Théodose ne se démentit point, et il poursuivit sans relâche la résolution de terminer la guerre par la mort du rebelle et la destruction de toutes les tribus d’Afrique qui partageaient son crime. À la tête d’un petit corps de troupes qui excédait rarement trois mille cinq cents hommes, le général romain s’avança dans le cœur du pays avec une prudence inébranlable, également éloignée de la témérité et de la crainte. Il eut quelquefois à repousser des armées de vingt mille Mores. L’impétuosité de ses attaques portait le désordre parmi les Barbares indisciplinés ; et ses retraites, toujours faites à temps et en bon ordre, déconcertaient toutes leurs mesures. Ils étaient continuellement déjoués par les ressources de cet art militaire qu’ils ne connaissaient point, et ils sentirent et reconnurent la justice de la supériorité que s’attribuait le chef d’une nation civilisée. Lorsque Théodose entra dans les vastes états d’Igmazen, roi des Isaflenses, l’orgueilleux, sauvage lui demanda d’un air insultant son nom et l’objet de son expédition. « Je suis, lui dit le comte d’un ton imposant et dédaigneux, je suis le général de Valentinien, monarque de l’univers ; il m’envoie ici pour poursuivre et punir un brigand sans ressources. Remets-le à l’instant entre mes mains, et sois assuré que si tu n’obéis pas au commandement de mon invincible souverain, toi et ton peuple vous serez entièrement exterminés. » Dès qu’Igmazen fut bien persuadé que son ennemi avait les moyens et la volonté d’exécuter