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mains, furent la proie des flammes, et le César avança hardiment l’espace de dix milles ; il fut alors arrêté par une forêt sombre et impénétrable, minée de passages souterrains qui menaçaient à chaque pas l’assaillant d’embûches secrètes. La terre était déjà couverte de neige ; Julien, après avoir réparé un ancien château bâti par Trajan, accorda aux Barbares consternés une trêve de dix mois. À l’expiration de la trêve, Julien entreprit une seconde expédition au-delà du Rhin, pour humilier l’orgueil de Surmar et d’Hortaire, deux rois des Allemands, qui avaient combattu à la bataille de Strasbourg. Ils s’engagèrent à rendre tous les prisonniers romains encore existans ; et Julien s’étant procuré dans les villes et dans les villages de la Gaule une liste exacte des habitans qu’ils avaient perdus, découvrit toutes les tentatives qu’on faisait pour le tromper avec une promptitude et une facilité qui lui donnèrent presque la réputation d’une intelligence surnaturelle. Sa troisième expédition fut encore plus brillante et plus importante que les deux précédentes. Les Germains avaient rassemblé toutes leurs forces, et longeaient le bord opposé de la rivière, dans le dessein de détruire le pont, et de s’opposer au passage des Romains ; mais ce sage plan de défense fut déconcerté par une savante diversion. Trois cents soldats armés à la légère, partagés dans quarante petits bateaux, descendirent la rivière en silence et eurent ordre de débarquer à une petite distance des postes de l’ennemi. Ils exécutèrent cet ordre avec tant d’audace et