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tandis qu’au son des flûtes il exécutait la danse pyrrhique, le soin de la défense publique était laissé aux talens et à l’activité de l’ancien général. Mais lorsque Ursicinus présentait un plan vigoureux d’opérations, quand il proposait de tourner autour des montagnes avec un corps de cavalerie et de troupes légères pour enlever les convois des ennemis, fatiguer par des attaques la vaste étendue de leurs lignes, et secourir la ville d’Amida, le commandant, timide et envieux, répondait qu’il avait des ordres positifs de ne point exposer les troupes. Amida fut prise ; ceux de ses braves défenseurs qui échappèrent au fer des Barbares, tombèrent dans le camp des Romains sous celui des bourreaux ; et Ursicinus lui-même, après une enquête humiliante et partiale, fut puni par la perte de son grade de la mauvaise conduite de Sabinien. Mais le général, injustement condamné, osa dire à l’empereur que si de pareilles maximes continuaient à prévaloir dans les conseils, toute sa puissance suffirait difficilement à défendre ses provinces orientales des invasions de l’ennemi ; et Constance éprouva bientôt la vérité de cette prédiction. Lorsque l’empereur eut subjugué ou pacifié les Barbares du Danube, il avança à marches lentes vers l’Orient, et, après avoir douloureusement contemplé les ruines encore fumantes d’Amida, il forma, avec une puissante armée, le siége de Bezabde. L’effort des plus énormes béliers fut employé contre ses murs, et la place fut réduite à la dernière extrémité : mais rien ne put vaincre le courage patient et intré-