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passa pour imprenable jusqu’au règne de Tamerlan[1].

Conduite des Romains.

La défense de l’Orient contre les armées de Sapor exigeait et aurait employé les talens du général le plus expérimenté. C’était un bonheur pour l’état que cette province se trouvât confiée, dans cette circonstance, au brave Ursicinus, qui méritait seul la confiance des peuples et des soldats. Mais au moment du danger[2], les intrigues des eunuques firent rappeler Ursicinus, et le commandement militaire de l’Orient fut donné, par la même influence, à Sabinien, riche et rusé vétéran, qui avait atteint l’âge des infirmités sans en acquérir l’expérience. Un second ordre émané de ces conseils inconstans et soupçonneux renvoya Ursicinus sur la frontière de Mésopotamie, et le condamna aux travaux d’une guerre dont les honneurs étaient réservés pour son indigne rival. Sabinien campa tranquillement sous les murs d’Édesse, et tandis qu’il y récréait son indolence par une vaine parade d’exercices militaires,

  1. Pour l’identité de Virtha et de Técrit, voyez d’Anville, Géographie ancienne, t. II, p. 201. Pour le siége de ce château par Timur-Bec ou Tamerland, voy. Cherefeddin, l. III, c. 33. Le biographe persan exagère le mérite et la difficulté de cette expédition, qui délivra les caravanes de Bagdad d’une troupe formidable de voleurs.
  2. Ammien (XVIII, 5, 6 ; XIX, 3 ; XX, 2.) parle du mérite et de la disgrâce d’Ursicinus avec les détails et les sentimens de fidélité qui conviennent à un soldat relativement à son général. On peut le soupçonner d’un peu de partialité ; mais au total son récit paraît et probable et conséquent.