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Les bêtes de somme servaient de nourriture ; on trouvait dispersés cà et là les armes et le bagage des soldats romains, qui, par leur maigreur et leurs vêtemens déchirés, faisaient assez connaître leurs souffrances passées, et la misère qui les accablait encore. Un petit convoi de provisions vint à la rencontre de l’armée jusqu’au château d’Ur, et ce secours fut d’autant plus agréable, qu’il attestait la fidélité de Sébastien et de Procope. À Thilsaphata[1], l’empereur reçut, avec les plus grands témoignages de bienveillance, les généraux de l’armée de Mésopotamie ; et les restes de cette armée, naguère si florissante, se reposèrent enfin sous les murs de Nisibis. Les messagers de Jovien avaient déjà annoncé, avec les éloges de la flatterie, son élection, son traité et son retour ; et le nouveau souverain avait pris les mesures les plus efficaces pour assurer l’obéissance des armées et des provinces de l’Europe, en plaçant l’autorité dans les mains des officiers qui, par intérêt ou par inclination, devaient soutenir avec fermeté la cause de leur bienfaiteur[2].

    et d’Afrique est le plus beau monument qu’on ait jamais élevé à la gloire de César.

  1. M. d’Anville (voyez ses Cartes, et l’Euphrate et le Tigre, p. 92, 93) trace leur marche et détermine la véritable position de Hatra, Ur et Thilsaphata, dont Ammien a fait mention. Il ne se plaint pas du Samiel, ce vent mortel et brûlant que Thévenot (Voyages, part. II, l. I, p. 192) redoute si fort.
  2. Ammien (XXV, 9), Libanius (orat. parent., c. 143,