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ralentirait l’ardeur de ses soldats, pressa Hormisdas de renvoyer sans bruit le ministre du roi de Perse, et de dérober aux troupes une si dangereuse tentation[1].

Il brûle sa flotte.

La gloire et l’intérêt de Julien ne lui permettaient pas de perdre son temps sous les murs invincibles de Ctésiphon ; et toutes les fois qu’il appela dans la plaine les Barbares qui défendaient la ville, ils répondirent sagement que s’il voulait exercer sa valeur, il pouvait chercher l’armée du grand roi. Il sentit l’insulte que renfermaient ces paroles, et suivit le conseil qu’on lui donnait. Au lieu d’asservir sa marche aux rives de l’Euphrate et du Tigre, il résolut d’imiter la hardiesse d’Alexandre, et de pénétrer assez loin dans les provinces de l’intérieur, pour forcer son rival à lui disputer, peut-être dans les plaines d’Arbèles, l’empire de l’Asie. Sa magnanimité fut applaudie et trahie par un noble Persan, qui, pour sauver son pays, eut la générosité de se soumettre à un rôle plein de danger, de dissimulation et de honte[2]. Ce Persan était arrivé au camp

  1. Libanius, orat. parent., c. 130, p. 354 ; c. 139, p. 361 ; Socrate, l. III, c. 21. L’historien ecclésiastique dit qu’on refusa la paix, d’après l’avis de Maximus. Un pareil avis était indigne d’un philosophe ; mais ce philosophe était aussi un magicien qui flattait les espérances et les passions de son maître.
  2. Le témoignage des deux abréviateurs (Sextus-Rufus et Victor), les mots que laissent échapper Libanius (orat. parent., c. 134, p. 557) et Ammien (XXIV, 7), semblent