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et par la mésintelligence des généraux qui ne purent s’accorder sur la formation ou l’exécution des plans. Lorsqu’il n’espéra plus de voir arriver ce renfort important, il consentit à assembler un conseil de guerre ; et chacun ayant donné librement son avis, il approuva l’opinion de ceux de ses généraux à qui le siége de Ctésiphon paraissait une opération inutile et dangereuse. Il n’est pas aisé de concevoir par quel progrès dans l’art de fortifier les places, une ville assiégée et prise trois fois par les prédécesseurs de Julien, était devenue imprenable à une armée de soixante mille Romains que commandait un général expérimenté et brave, qui avait à sa suite une flotte et des vivres, des machines de siége et des munitions de guerre en abondance ; mais d’après ce qu’on sait du caractère de Julien, son amour pour la gloire et son mépris du danger nous sont de sûrs garans qu’il ne se laissa point décourager par des obstacles faibles ou imaginaires[1]. À l’époque même où il craignit d’entreprendre le siége de Ctésiphon, il rejeta avec inflexibilité et avec mépris les ouvertures de paix les plus flatteuses. Sapor, long-temps accoutumé aux lentes démonstrations de Constance, et surpris de l’intrépide activité de son successeur, avait ordonné aux

  1. Civitas inexpugnabilis, facinus audax et importunum. (Ammien, XXIV, 7.) Eutrope, qui l’accompagna dans cette guerre, élude la difficulté qui se présente ici ; il se contente de dire : Assyriamque populatus, castra apud Ctesiphontem stativa aliquandiù habuit : remeansque victor, etc., X, 16. Zosime est artificieux ou ignorant, et Socrate inexact.