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leurs coups ; et d’un seul des siens, dirigé d’une main ferme et adroite, il renversa mort à ses pieds l’un de ses ennemis. L’estime d’un souverain qui possède les vertus auxquelles il donne des éloges, est la plus belle récompense du mérite d’un sujet, et l’autorité que tirait Julien de son mérite personnel, facilita le rétablissement de l’ancienne discipline. Il punit de mort, ou par la honte, des soldats de trois cohortes de cavalerie qui s’étaient déshonorés en perdant un de leurs étendards dans une escarmouche contre le Surenas, et il distribua des couronnes obsidionales[1] aux soldats qui entrèrent les premiers dans la ville de Maogamalcha. Après le siége de Perisabor, il eut besoin de toute sa fermeté pour réprimer la cupidité de ses troupes qui osaient se plaindre hautement de ce qu’on récompensait leurs services par un misérable don de cent pièces d’argent. L’empereur, indigné, répondit aux soldats avec la noblesse et la gravité des premiers Romains : « Les richesses sont-elles l’objet de vos désirs ? Il y a des richesses dans les mains des Perses, et pour prix de votre valeur et de votre discipline, on vous offre les dépouilles de leur fertile contrée. Croyez-moi, ajouta-t-il, la république romaine, qui jadis possédait d’immenses trésors, se trouve dans le besoin et la détresse, de-

  1. Obsidionalibus coronis donati. (Ammien, XXIV, 4.) Julien ou son historien était un mauvais antiquaire. Il fallait dire des couronnes murales. On donnait la couronne obsidionale au général qui avait délivré une ville assiégée. (Aulu-Gelle, Nuits attiques, V, 6.)