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seur de Darius-Hystaspes, Sapor déclarait que la rivière de Strymon en Macédoine était l’ancienne et véritable borne de son empire, mais que telle était sa modération, qu’il se contenterait des provinces d’Arménie et de Mésopotamie, qu’on avait frauduleusement enlevées à ses ancêtres : ajoutant que sans cette restitution, il était impossible d’établir une paix solide entre les deux empires, et que si son ambassadeur ne rapportait pas une réponse satisfaisante, il était préparé à soutenir, dès le printemps suivant, la justice de sa cause par la force de ses armes invincibles. Narsès, naturellement rempli de politesse et de grâce, tâcha d’adoucir, autant que son devoir le lui permettait, la hauteur de cette proposition[1]. Le conseil impérial, après avoir mûrement pesé le style et le contenu de la lettre, renvoya l’ambassadeur avec la réponse suivante : « Quoique Constance pût légitimement désavouer des ministres qui avaient entamé une négociation sans ses ordres positifs, il était disposé à conclure un traité juste et honorable. Mais il regardait comme indécent et ridicule de proposer au seul et victorieux possesseur de tout l’Empire romain des conditions qu’il avait rejetées avec indignation dans un temps où sa puissance se renfermait dans les limites étroites de l’Orient. Le sort des

  1. Ammien (XVII, 5) transcrit cette lettre hautaine. Themistius (oratio IV, p. 57, édit. Petav.) fait mention de l’enveloppe de soie. Idatius et Zonare parlent du voyage de l’ambassadeur, et Pierre Patrice rend compte de sa conduite conciliante, in Excerpt. legat., p. 28.