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de la multitude. À cette époque de la vie où les forces de l’esprit et du corps ont le plus de vigueur, l’empereur, instruit par l’expérience et animé par le succès de la guerre des Germains, résolut de signaler son règne par des exploits plus brillans et plus mémorables. Des ambassadeurs de l’Orient, du continent de l’Inde, et de l’île de Ceylan[1], étaient venus saluer, avec respect, la pourpre romaine[2]. Les nations de l’Occident estimaient et craignaient les vertus personnelles de Julien dans la paix et dans la guerre. Il méprisait les trophées d’une victoire sur les Goths[3], et croyait que la terreur de son nom

  1. Inde nationibus indicis certatim cum donis optimates mittentibus… ab usque Divis et Serendivis. Ammien, XX, 7.) Cette île, qu’on a successivement appelée Taprobane, Serendib et Ceylan, prouve combien les Romains connaissaient peu les mers et les terres situées à l’est du cap Comorin. 1o. Sous le règne de Claude, un affranchi qui tenait à ferme les douanes de la mer Rouge, fut jeté par les vents sur cette côte inconnue : il passa six mois avec les naturels du pays, et il persuada au roi de Ceylan, qui entendait parler pour la première fois de la puissance et de la justice de Rome, d’envoyer une ambassade à l’empereur. (Pline, Hist. nat., VI, 24.) 2o. Les géographes (et Ptolémée lui-même) ont donné quinze fois trop d’étendue à ce nouveau monde, qu’ils prolongeaient jusqu’à l’équateur et aux environs de la Chine.
  2. Ces ambassades avaient été envoyées à Constance. Ammien, qui tombe sans s’en apercevoir dans une grossière flatterie, paraît avoir oublié la longueur du chemin et la brièveté du règne de Julien.
  3. Gothos sæpe fallaces et perfidos ; hostes quærere se