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gueilleuse faction d’Arius insultait les faibles valentiniens, et commettait des désordres qu’on doit punir dans un état bien réglé. Sans s’asservir aux formes lentes de la justice, le prince irrité envoya aux magistrats d’Édesse[1] un ordre qui confisquait toutes les propriétés de l’Église. On distribua l’argent aux soldats ; on réunit les terres aux domaines, et la plus cruelle ironie aggrava encore cet acte d’oppression. « Je me montre, dit l’empereur, le véritable ami des galiléens : leur admirable loi a promis le royaume des cieux aux pauvres ; et ils feront plus de progrès dans le chemin de la vertu et du salut éternel, quand je les aurai soulagés du poids des biens de ce monde. Prenez garde, continuait le monarque d’un ton plus sérieux, prenez garde de pousser à bout ma patience et ma douceur : si ces désordres continuent, je vengerai les crimes du peuple sur les magistrats, et vous aurez lieu de craindre, non pas seulement la confiscation et l’exil, mais le fer et le feu. » Les émeutes d’Alexandrie étaient sans doute plus sanguinaires et plus dangereuses ; mais c’était un évêque chrétien qui avait péri par les mains des païens, et la lettre publique de Julien donne une preuve bien sensible de la partialité de son administration. Ses reproches aux citoyens d’Alexandrie sont entremêlés d’expressions d’estime et de tendresse, et il regrette que dans cette occasion ils se soient écartés de la douceur et de la générosité qui attestent leur origine

  1. Julien, Épître 43.