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chargés de fers : vingt-quatre jours après, une multitude superstitieuse, et ennuyée des délais d’une procédure, força leur prison. [Il est massacré par le peuple.]Ces ennemis des dieux et des hommes expirèrent au milieu des plus cruels outrages ; le corps de l’archevêque et ceux de ses complices furent portés en triomphe sur le dos d’un chameau à travers les rues, et l’on regarda l’inactivité du parti de saint Athanase, comme un exemple frappant de patience évangélique[1]. Les restes de ces misérables criminels furent jetés à la mer, et les chefs de l’émeute déclarèrent qu’ils en agissaient ainsi pour tromper la dévotion des chrétiens, et prévenir les honneurs qu’on pourrait vouloir rendre à ces martyrs punis, ainsi que leurs prédécesseurs, par les ennemis de leur religion[2]. Les craintes des gentils étaient bien fondées, et leurs précautions furent inefficaces. La mort de l’archevêque fit oublier sa vie. Les ariens aimaient et révéraient le rival de saint Athanase, et la conversion apparente de ses sectaires le fit adopter par l’Église catholique qui les recevait dans son sein[3]. En déguisant le lieu et l’époque de

  1. Philost., avec une malice circonspecte, insinue une accusation contre ce parti. Και το‌υ Αθανασιο‌υ γνωμην σρατηγησαι της πραξεως, l. II, c. 2 ; Godefroy, p. 267.
  2. Cineres projecit in mare, id metuens, ut clamabat, ne collectis supremis, ædes illis extruerent ; ut reliquis, qui deviare à religione compulsi, pertulére cruciabiles pœnas, adusque gloriosam mortem intemeratâ fide progressi, et nunc Martyres appellantur. (Ammien, XXII, 11.) Saint Épiphane prouve aux ariens que George n’est pas un martyr.
  3. Quelques donatistes (voyez Optatus Milev., p. 60,