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les provinces, se trouvaient moins sous les regards du public. Revêtus d’une autorité arbitraire, ils suivaient les désirs plutôt que les ordres de leur souverain, et accablaient sans crainte de vexations secrètes des sectaires à qui on ne leur permettait pas d’accorder la gloire du martyre ; et l’empereur, après avoir dissimulé, aussi long-temps qu’il lui était possible, les injustices commises en son nom, faisait connaître par des reproches modérés et de grandes récompenses, le sentiment que lui inspirait réellement la conduite de ses officiers[1].

Ils sont condamnés à rétablir les temples païens.

La loi qui condamnait les chrétiens à l’entière réparation des temples détruits sous le règne précèdent, était le moyen de tyrannie le plus efficace que l’on pût employer contre eux. Le zèle de l’Église triomphante n’avait pas toujours attendu la sanction de l’autorité publique ; et les évêques, sûrs de l’impunité, avaient souvent attaqué et démoli, à la tête de leur congrégation, les forteresses du prince des ténèbres. Chacun connaissait les terres sacrées qui avaient enrichi le patrimoine du souverain ou celui du clergé ; et leur restitution ne fut pas difficile ; mais les chrétiens avaient bâti des églises sur ces terres, et sur les ruines des temples païens ; et comme il fallait démolir l’église avant de pouvoir rebâtir le temple,

  1. Saint Grégoire de Nazianze (orat. 3, p. 74, 91, 92 ; Socrate, l. III, c. 14 ; Théodoret, l. III, c. 6.) Il faut cependant diminuer quelque chose de leurs rapports en raison de la violence de leur zèle, non moins partial que celui de Julien.