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hasard, on dédia une chapelle à Vénus, à l’endroit même qu’avaient sanctifié la mort et la résurrection de Jésus-Christ[1]. Environ trois siècles après ces étranges événemens, la profane chapelle de Vénus fut démolie par ordre de Constantin, et le déblaiement de la terre et des pierres amassées en ce lieu découvrit au monde le saint Sépulcre. Le premier empereur chrétien éleva sur ce terrain mystique une magnifique église, et sa pieuse libéralité s’étendit sur tous les lieux qu’avait consacrés la présence des patriarches, des prophètes et du fils de Dieu[2].

Pèlerinages.

Le désir passionné de contempler les monumens de notre rédemption, amenait à Jérusalem une foule successive de pèlerins qui venaient des bords de l’océan Atlantique et des pays de l’Orient les plus éloignés[3] ; leur piété s’autorisait de l’exemple de l’impératrice Hélène, qui paraît avoir réuni la cré-

  1. Voyez deux passages curieux dans saint Jérôme (t. I, p. 102 ; t. VI, p. 315), et les nombreux détails de Tillemont (Hist. des emp., tom. I, p. 569 ; tom. II, p. 289, 294, éd. in-4o.)
  2. Eusèb., in vit. Constant., l. III, c. 25-47, 51-53. L’empereur bâtit aussi des églises à Bethléem, sur la montagne des Oliviers et près du chêne de Mambre. Sandys (Travels, p. 125-133) décrit le saint Sépulcre ; le Bruyn (Voyage au Levant, p. 288-296) l’a dessiné avec soin.
  3. L’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem fut composé en 333 pour l’usage des pèlerins, parmi lesquels saint Jérôme (t. I, p. 126) compte des Bretons et des Indiens. Wesseling, dans sa judicieuse et savante Préface, discute les causes de cette mode superstitieuse. (Itinér., p. 537-545.)