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tournèrent ensuite, avec la même flexibilité de conscience au culte qu’embrassèrent les successeurs de Julien.

Les Juifs.

Tandis que le zélé monarque s’occupait sans relâche du rétablissement et de la propagation de la religion de ses aïeux, il forma l’extraordinaire projet de relever le temple de Jérusalem. Dans une épître adressée aux Juifs[1] dispersés dans les provinces de l’empire, il plaint leur infortune, condamne leurs oppresseurs, loue leur constance, déclare qu’il les protégera, et se flatte de cette pieuse espérance qu’à son retour de la guerre de Perse, il lui sera permis d’adorer avec reconnaissance le Tout-Puissant dans sa sainte ville de Jérusalem. La superstition aveugle et la servitude abjecte de ces infortunés proscrits pouvaient exciter le mépris d’un empereur philosophe ; mais leur haine implacable pour les disciples du Christ leur valut l’amitié de Julien. La stérile synagogue abhorrait et enviait la fécondité de l’Église rebelle ; le pouvoir des Juifs n’égalait pas leur méchanceté, mais leurs plus graves rabbins approuvaient le meurtre secret d’un apostat[2], et

  1. Cette épître de Julien est la vingt-cinquième. Alde (Venet. 1499) la traite de ειγνησιος ; mais Pétau et Spanheim, qui sont venus après lui, font disparaître avec raison cette flétrissure. Sozomène (l. V, c. 22) parle de cette lettre ; et la teneur en est confirmée par saint Grégoire (orat. 4, p. 111) et par Julien lui-même (Fragment., p. 295.)
  2. La Misnah prononçait la peine de mort contre ceux qui abandonnaient la religion judaïque. Marsham (Canon.