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lation de Julien dura plus de dix ans, depuis son initiation secrète à Éphèse jusqu’au commencement de la guerre civile : à cette époque, il se déclara tout à coup l’ennemi implacable du Christ et de Constance. Cet état de gêne donna peut-être une nouvelle force à sa dévotion, et après s’être montré, aux jours solennels, dans les assemblées des chrétiens, il allait, avec l’impatience de l’amour, brûler un encens libre et volontaire sur les autels domestiques de Jupiter et de Mercure. Comme toute espèce de dissimulation est pénible à un caractère né pour la franchise, Julien, obligé de professer le christianisme, n’en eut que plus d’aversion pour une religion qui opprimait la liberté de son esprit et le forçait à un déguisement contraire à la sincérité et au courage, les plus nobles attributs de la nature humaine.

Il écrit contre le christianisme.

Julien croyait bien avoir le droit de préférer les dieux d’Homère et des Scipions à la nouvelle religion que son oncle avait établie dans l’empire, et dans laquelle il avait reçu lui-même le sacrement du baptême. Il jugea cependant, en sa qualité de philosophe, devoir justifier son opinion contre le christianisme, qui se trouvait défendu par un grand nombre de prosélytes, par la chaîne des prophéties, l’éclat des miracles, et l’imposante autorité d’une foule de témoignages. L’ouvrage soigné qu’il composa au milieu des préparatifs de la guerre de Perse, contenait la substance des argumens qu’il avait long-temps médités dans son esprit[1]. L’impétueux saint Cyrille

  1. Fabricius (Bibl. græc., l. V, c. 8, p. 88-90) et Lardner