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taient leur esprit à la torture pour découvrir dans les attraits lascifs d’une Vénus sans voile un précepte moral ou une vérité physique ; et l’hommage insensé d’Atys représentait la révolution du soleil entre les tropiques, ou le mouvement de l’âme qui se détache du vice et de l’erreur.[1]

Système théologique de Julien.

Il paraît que le système théologique de Julien contenait les importans et sublimes principes de la religion naturelle. Mais la foi qui ne repose pas sur la révélation, manquant d’un ferme appui, le disciple de Platon retomba imprudemment dans les habitudes de la superstition vulgaire ; et il semble avoir confondu dans la pratique, dans ses écrits et même dans ses idées, les notions populaires et les notions philosophiques de la divinité[2]. Il reconnaissait et il adorait la cause éternelle de l’univers ; il lui attribuait toutes les perfections d’une nature infinie, invisible aux yeux, et inaccessible à l’intelligence des faibles mor-

  1. Voyez le cinquième discours de Julien. Mais toutes les allégories inventées par l’école de Platon ne valent pas le petit poème de Catulle sur cet étrange sujet. La transition par laquelle Atys passe de l’enthousiasme le plus frénétique à une plainte douce et pathétique sur la perte irréparable qu’il a faite, doit exciter la pitié d’un homme et le désespoir d’un eunuque.
  2. On peut juger de la véritable religion de Julien d’après les Césars, p. 308, avec les notes et les éclaircissemens de Spanheim, d’après les fragmens qu’on trouve dans saint Cyrille, l. II, p. 57, 58, et surtout d’après le discours théologique in solem regem (p. 130-158), adressé au préfet Salluste, dans la confiance de l’amitié.