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les preuves du christianisme avec cette attention favorable qui augmente le poids des témoignages les plus respectables, il écoutait avec défiance, et il contestait avec obstination et subtilité une doctrine qui lui inspirait déjà une aversion invincible. Lorsqu’on obligeait les jeunes princes à composer des déclamations sur les controverses du temps, Julien se chargeait toujours de la cause du paganisme, sous le spécieux prétexte qu’en défendant la cause la plus faible, il exercerait et développerait mieux ses connaissances et son esprit.

Il embrasse la mythologie du paganisme.

Dès que Gallus fut revêtu de la pourpre, on permit à Julien de respirer l’air de la liberté, de la littérature et du paganisme[1]. Les sophistes, que son goût et sa libéralité attirèrent en foule, avaient établi une alliance rigoureuse entre la littérature et la religion de la Grèce ; et, au lieu d’admirer les poésies d’Homère comme les productions originales du génie d’un homme, ils les attribuaient sérieusement à l’inspiration céleste d’Apollon et des Muses. L’image des divinités de l’Olympe, telles que nous les a peintes le poète immortel, produit une impression profonde sur les esprits les moins portés à la crédulité de la superstition : notre familiarité avec leurs noms et leurs caractères, avec leurs formes et leurs attributs, semble donner une existence réelle

  1. Libanius, orat. parent., c. 9, 10, p. 232, etc. ; saint Grégoire de Nazianze, orat. 3, p. 61 ; Eunape, vit. Sophist. in Maximo, p. 68, 69, 70, édit. Commelin.