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que de l’affectation. Un dévot et sincère attachement pour les dieux d’Athènes et de Rome, formait sa passion dominante. Des préjugés superstitieux[1] égarèrent et corrompirent en lui les facultés d’un esprit éclairé, et des fantômes qui n’existaient que dans l’imagination de l’empereur, eurent une influence réelle et pernicieuse sur le gouvernement de l’empire. Le zèle véhément des chrétiens, qui méprisaient le culte et qui renversaient les autels de ces divinités fabuleuses, le mit dans un état de guerre à mort avec une partie nombreuse de ses sujets ; le désir de la victoire, et la honte de la défaite, l’excitèrent quelquefois à violer les lois de la prudence et même celles de la justice. Le triomphe du parti qu’il abandonna et qu’il combattit, a jeté une sorte d’infamie sur son nom, et un torrent de pieuses invectives, dont le signal fut donné par la trompette sonore[2] de saint Grégoire de Na-

  1. Je transcrirai quelques expressions d’un petit discours très-religieux que composa l’empereur pontife sur l’impiété d’un cynique : Αλλ’ ομως ο‍υτω δη τι το‍υς θεο‍υς πεφρικα, και φιλω, και σεβω, και αζομαι, και πανθ’ απλως τα τοιαυτα ϖασχω, οσπερ αν τις και οια προς αγαθο‍υς δεσϖοτας, προς διδατκαλο‍υς, προς πατερας, προς κηδεμονας. Orat. 7, page 212. La variété et l’abondance de la langue grecque semblent ne pas suffire à la ferveur de sa dévotion.
  2. Cet orateur, dans un passage où il déploie quelque éloquence, beaucoup d’enthousiasme et encore plus de vanité, adresse son discours au ciel et à la terre, aux hommes et aux anges, aux vivants et aux morts, et surtout au grand Constance. (ει τις αισθησις, expression païenne et