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qu’il avait indiquée dans l’après-midi pour reprendre les affaires publiques. Le souper de l’empereur était un diminutif de son faible dîner. Son sommeil n’était jamais appesanti par les vapeurs de la digestion ; et si l’on en excepte le court intervalle d’un mariage auquel la politique présida plutôt que l’amour, le chaste Julien n’admit jamais de compagnes dans son lit[1]. Ses secrétaires se relevaient ; ceux qui avaient dormi la veille se présentaient chez l’empereur de très-grand matin ; et ses domestiques veillaient alternativement, tandis que leur infatigable maître ne se reposait guère qu’en changeant d’occupations. Les prédécesseurs de Julien, son oncle, son frère, son cousin, sous un prétexte spécieux de déférence pour les goûts du peuple, se livraient eux-mêmes à leur goût puéril pour les jeux du cirque, où ils passaient souvent la plus grande partie de la journée, spectateurs oisifs et faisant eux-mêmes partie du spectacle, jusqu’à ce que les vingt-quatre courses ordi-

  1. Lectulus… Vestalium toris purior. Mamertin (Paneg. vet., XI, 13) adresse cette louange à Julien lui-même. Libanius affirme en peu de mots que Julien n’eut de familiarité avec aucune femme, ni avant son mariage, ni après la mort de sa femme. (Orat. parent., c. 88, p. 313.) La chasteté de Julien est prouvée par le témoignage impartial d’Ammien (XXV, 4), et par le silence des chrétiens. Cependant Julien relève ironiquement le reproche que lui faisait le peuple d’Antioche de presque toujours (ως επιπαν) coucher seul. In Misopog. p. 345. L’abbé de La Bléterie (Hist. de Jovien, t. II, p. 103-109) explique cette expression suspecte avec autant d’esprit que de bonne foi.