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avec certitude la mort de l’empereur, elles ouvrirent les portes de la ville, et par le sacrifice de quelques chefs coupables, obtinrent aisément leur pardon de l’indulgence ou de la prudence de Julien, [Il est reconnu par tout l’empire.]qui, dans la trente deuxième année de son âge, acquit la possession paisible de tout l’empire[1].

Son gouvernement civil et sa vie privée.

Julien avait appris de la philosophie à comparer les jouissances de la retraite à celles d’une vie active ; mais l’éclat de sa naissance et les événemens ne lui avaient jamais laissé la liberté du choix. Il aurait peut-être sincèrement préféré les jardins de l’académie et la société d’Athènes ; mais, forcé d’abord par la volonté de Constance et ensuite par son injustice à exposer sa personne et sa réputation aux dangers de la grandeur impériale, et à se rendre responsable devant l’univers et la postérité du bonheur de plusieurs millions d’hommes[2], Julien se ressouvint

    partisans, païens, catholiques, ariens, etc., voyaient avec des yeux bien différens le nouvel empereur et celui qu’ils venaient de perdre.

  1. On ne sait pas bien exactement le jour ni l’année de la naissance de Julien. Le jour est probablement le 6 de novembre, et l’année doit être ou 331 ou 332. (Tillemont, Hist. des emper., t. IV, p. 693 ; Ducang., Fam. byzant., p. 50.) J’ai préféré la première de ces deux dates.
  2. Julien (p. 253-267) a expliqué lui-même ces idées philosophiques avec beaucoup d’éloquence et un peu d’affectation, dans une Épître très-soignée qu’il adressait à Thémistius. L’abbé de La Bléterie (t. II, p. 146-193), qui en a donné une traduction fort élégante, incline à croire que c’est le célèbre Thémistius dont les harangues existent encore.