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On surveillait ses pas, on interceptait sa correspondance, et il était obligé, par prudence, de refuser la visite de ses plus intimes amis. On ne lui laissa que quatre de ses anciens domestiques ; deux pages, son médecin et son bibliothécaire ; ce dernier était le gardien d’une précieuse collection de livres reçus en présent de l’impératrice, aussi attentive à satisfaire les inclinations de son ami, qu’à défendre ses intérêts. Au lieu de ses fidèles serviteurs, sa maison fut composée convenablement à sa dignité de César, mais remplie d’une foule d’esclaves dénués et peut-être incapables d’attachement pour leur nouveau maître, auquel ils étaient, pour la plupart, ou inconnus ou suspects. Son défaut d’expérience pouvait exiger un conseil d’hommes sages et intelligens ; mais l’étiquette minutieuse qui réglait le service de sa table, et la distribution de ses heures, convenait plus à un adolescent encore sous la discipline de ses instituteurs, qu’à un prince auquel on confiait la conduite d’une guerre importante. Aspirait-il à mériter l’estime des peuples, il était arrêté par la crainte de déplaire au souverain. Les fruits de son mariage périrent par les jaloux artifices d’Eusebia[1] elle-même, qui, en cette seule occasion,

  1. Si nous nous rappelons que Constantin, père d’Hélène, était mort plus de dix-huit ans auparavant, dans un âge très-avancé, il paraîtra probable que la fille, quoique vierge, n’était pas fort jeune au moment de son mariage. Elle accoucha bientôt d’un fils, qui mourut immédiatement après être venu au monde. Quôd obstetrix, corrupta mer-