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par une clameur générale ; et ces mots : « Julien-Auguste, continuez à régner par la volonté de l’armée, du peuple et de l’état que vous avez sauvés, » éclatèrent avec le bruit du tonnerre de tous les points de la plaine, et pénétrèrent de terreur le pâle ambassadeur de Constance. On continua la lecture de la lettre, dans laquelle l’empereur se plaignait de l’ingratitude de Julien, qu’il avait revêtu des honneurs de la pourpre après l’avoir élevé avec soin et avec tendresse, avoir protégé son enfance lorsqu’il se trouvait orphelin et sans secours. « Orphelin ! s’écria Julien, qui, pour justifier sa cause, se livrait à son ressentiment, l’assassin de mon père, de mes frères, et de toute ma famille, me reproche que je suis resté orphelin ! Il me force à venger des injures que je tâchais depuis long-temps d’oublier. » L’assemblée se sépara ; et Léonas, qu’il avait été difficile de mettre à l’abri de la fureur du peuple, retourna vers son maître avec une lettre, dans laquelle Julien peignait à Constance, avec toute l’énergie de l’éloquence enflammée par la colère, les sentimens de haine et de mépris qu’une dissimulation forcée envenimait depuis vingt ans dans son âme. Après ce message, qui équivalait à la déclaration d’une guerre implacable, Julien, qui, quelques semaines auparavant, avait célébré la fête de l’Épiphanie[1], déclara publiquement qu’il con-

  1. Feriarum die quem celebrantes mense januario, Christiani Epiphania dictitant, progressus in eorum ecclesiam,