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timent de son époux, l’empereur était abandonné à ses propres passions et aux artifices de ses eunuques. Mais le danger pressant d’une invasion étrangère lui fit suspendre le châtiment de son ennemi personnel. Il continua de marcher vers les frontières de la Perse, et crut qu’il suffisait de dicter à Julien et à ses coupables partisans les conditions qui pourraient leur obtenir la clémence de leur souverain. Il exigeait que le présomptueux César renonçât immédiatement au titre et au rang d’Auguste qu’il avait accepté des rebelles, et qu’il redescendît au poste de ministre docile et subordonné ; qu’il rendît les emplois civils et militaires aux officiers choisis par la cour impériale, et qu’il se fiât de sa sûreté aux assurances de pardon qui lui seraient données par Épictète, évêque arien de la Gaule, et l’un des favoris de Constance. Les deux empereurs, à trois mille milles l’un de l’autre, continuèrent pendant plusieurs mois, de Paris à Antioche, une négociation inutile. Voyant bientôt que sa respectueuse modération ne servait qu’à irriter l’orgueil de son implacable rival, Julien résolut courageusement de confier sa fortune et sa vie aux hasards d’une guerre civile. Il donna une audience publique et militaire au questeur Léonas, et on lut à la multitude attentive la lettre impérieuse de Constance. Julien protesta, avec la plus flatteuse déférence, qu’il était prêt à quitter le titre d’Auguste, si ceux qu’il reconnaissait comme les auteurs de son élévation voulaient y consentir. Cette proposition, faite avec peu de chaleur, fut repoussée