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reur de l’Orient consentait à un traité équitable, de renoncer à toute conquête, et de se contenter de la paisible possession des Gaules. D’après cet arrangement, il écrivit, au nom de l’armée et au sien, une lettre adroite et modérée[1]. Deux ambassadeurs, Pentadius, grand-maître des offices, et Euthérius, grand-chambellan, furent chargés de la remettre à Constance, d’examiner ses dispositions, et de rapporter sa réponse. La lettre de Julien est signée modestement du nom de César ; mais il réclame positivement, quoique avec respect, la confirmation du titre d’Auguste, et en avouant l’irrégularité de son élection, il excuse à un certain point le mécontentement et la violence des soldats qui ont arraché son consentement. Il reconnaît la supériorité de son frère Constance, et s’engage à lui envoyer annuellement un présent de chevaux d’Espagne, à recruter tous les ans son armée d’une troupe choisie de jeunes Barbares, et à recevoir de sa main un préfet du prétoire d’une prudence et d’une fidélité reconnue ; mais il se réserve la nomination de tous les autres officiers civils et militaires, le commandement des armées, les revenus et la souveraineté des provinces au-delà des Alpes. Il invite Constance à consulter les lois de la justice, à se méfier des flatteurs qui ne subsistent que de la discorde des princes, et à accepter la pro-

  1. À cette lettre ostensible il en ajouta, dit Ammien, de particulières, objurgatorias et mordaces, que l’historien n’a pas vues, qu’il n’aurait pas publiées, et qui n’ont peut-être jamais existé.