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Ses protestations d’innocence.

La douleur de Julien pouvait venir de son innocence ; mais son innocence paraîtra douteuse[1] à ceux qui connaissent assez le caractère général des princes pour se méfier de leurs motifs et de leurs protestations. Son âme active et véhémente était susceptible des différentes impressions, de la crainte et de l’espoir, de la reconnaissance et de la vengeance, du devoir et de l’ambition, de l’amour de la gloire et de la crainte du reproche. Mais il est impossible de calculer le degré d’influence que put obtenir alors chacun de ces sentimens, et de se prononcer positivement sur des motifs qui échappaient peut-être à celui-même dont ils dirigeaient ou plutôt précipitaient les pas. La méchanceté de ses ennemis avait excité le mécontentement des soldats ; la révolte de ceux-ci était l’effet naturel de leur inquiétude et de leur ressentiment. Et en supposant que sous les apparences d’un hasard, Julien eût cherché à cacher des desseins secrets, il se serait donné, sans nécessité, et probablement sans réussir à tromper personne, tous les embarras de la plus profonde hypocrisie. Il déclara

    avoir suivi l’autorité plus respectable d’Eunape. Avec de pareils guides, nous avons pu nous passer des Abrégés et de l’Histoire ecclésiastique.

  1. Eutrope, témoin irrécusable, se sert de cette expression vague, consensu militum, X, 15. Saint Grégoire de Nazianze, dont l’ignorance pourrait excuser le fanatisme, accuse l’apostat de présomption, d’extravagance, et lui donne l’épithète de rebelle impie, αυθαδεια, απονοια, ασεζεια, orat. 3, p. 67.