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pouvait cependant ni tromper le public, ni satisfaire la vanité de l’empereur. Secrètement convaincu que la gloire de Julien lui avait acquis la faveur et le vœu des Romains, l’esprit inquiet du faible Constance se trouvait disposé à recevoir les impressions de ces sycophantes artificieux qui cachaient leurs desseins perfides sous l’extérieur de l’attachement et de la fidélité pour leur souverain[1]. Loin de dissimuler les brillantes qualités de Julien, ils reconnaissaient et même exagéraient l’éclat populaire de son nom, la supériorité de ses talens ; l’importance de ses services, mais en insinuant obscurément que le brave et vertueux César pouvait devenir un ennemi criminel et dangereux, si le peuple inconstant sacrifiait son devoir à son enthousiasme, ou si le désir de la vengeance et d’une autorité indépendante venait tenter la fidélité du général d’une armée victorieuse. [Craintes et envie de Constance.]Le conseil de Constance décorait les craintes personnelles du souverain du nom respectable de sollicitude paternelle pour la tranquillité publique, tandis qu’en

    attribue les victoires remportées sur les Germains au génie de l’empereur et à la fortune du jeune César. Cependant cet historien fut, bientôt après, redevable à l’estime ou à la protection de Julien, des honneurs d’une statue de cuivre, et des importantes dignités de consulaire de la seconde Pannonie, et de préfet de la ville. (Ammien, XXI, 10.)

  1. Callido nocendi artificio ; accusatoriam diritatem laudum titulis peragebant… Hæ voces fuerunt ad inflammanda odia probris omnibus potentiores. Voyez Mamertin, in Actione gratiarum, in vit. Panegyr., XI, 5, 6.